vendredi 16 avril 2021

Quelques questions à Lola Albarracin, auteur de Buenos Aires Mayday

 

 Bonjour à tous, 

Après quelques jours de repos, j'ai le plaisir de vous faire part de quelques questions auxquelles Lola Albarracin à bien voulu répondre. C'est l'auteur de Buenos Aires Mayday, un roman dans lequel la petite histoire de Carola, jeune femme perdue, sans attache, s'inscrit dans l'Histoire de l'Argentine, entre misère et corruption. Au travers les réponses de Lola transparaît une femme sensible à l'esprit ouvert que l'on a plaisir à découvrir.

Bonjour Lola Albarracin, j'ai découvert votre titre Buenos Aires Mayday et il m'a donné beaucoup à penser à votre sujet ! Le personnage principal est une hôtesse de l'air, vous parlez de ce milieu comme si vous le connaissiez très bien, avez-vous été hôtesse de l'air vous-même ?


Non, je n’ai jamais été hôtesse de l’air et je connais mal ce métier. Lorsque je construisais le personnage de Carola, j’ai cherché à lui attribuer une profession qui symbolise au mieux son besoin constant de fuir, à la fois sa propre histoire et les réalités de ce bas monde. Hôtesse de l’air m’a semblé le métier idéal pour la caractériser. Mes voyages en avion et quelques lectures ont suffi.


Votre roman décrit l'Argentine, votre nom sonne délicieusement Amérique du Sud, quelle est la part de vous dans ce récit ?


La part de moi dans mon roman est considérable, puisque je suis née à Buenos Aires, y ai grandi avant d’atterrir en France dans les années ‘90. Je suis donc une auteure franco-argentine, et je voulais que mon premier roman soit à l’image de ma double culture : écrit en français mais situé à Buenos Aires, comme un pont symbolique entre les deux pays.


L'Argentine de votre récit se consume dans des affrontements meurtriers contre l'injustice et la corruption et votre personnage principal est passif devant tout cela. Que pensez-vous d'elle, de son attitude ? Qu'auriez-vous fait à sa place ?


Je n’approuve pas l’attitude de Carola, mais je la comprends. Les ravages de la dictature sont tels qu’il lui faut des défenses solides pour survivre, suite au traumatisme de la disparition de ses parents. Cela l’isole et la rend inaccessible, mais elle n’a pas pu faire autrement. Et je me garderais bien de dire ce que j’aurais fait à sa place ; personne d’honnête ne peut le faire, je crois. Cela dit, je regrette la facilité avec laquelle nous contemplons passivement les dérives de ce monde : nous nous habituons aux injustices et à la misère que nous croisons pourtant tous les jours, au bas de nos immeubles, au coin de la rue.


A quel personnage de votre roman ressemblez-vous et en quoi ?


Comme Carola, j’ai souvent la tête dans les nuages, et j’ai mis un océan de distance d’avec mon pays natal. Je partage avec elle et avec le personnage d’Ana le besoin de fuir la réalité par moments -c’est peut-être un trait commun de ceux qui font un travail de création. Bien sûr, je me reconnais moins dans les personnages du Chanta et d’Andrès, mais ce type de personne existe : ils manifestent tous deux les effets néfastes du pouvoir, le pouvoir politique et de l’argent.


Quel a été l'élément déclencheur de ce roman ?


Lors d’un voyage en Argentine, deux éléments en apparence hétéroclites se sont rencontrés dans mon esprit. Mon imagination a fait le reste.

Quelqu’un m’a raconté le cas d’une hôtesse de l’air dont la valise était remplie de cocaïne, et qui était en couple avec un homme qu’on appelait le Comte.

Par ailleurs, je me suis renseignée sur les émeutes de 2001, et j’ai ressenti la culpabilité de ne pas avoir été à Buenos Aires à ce moment-là. J’ai alors pris conscience des travers de nos démocraties, ce qui n’était pas évident car j’ai grandi dans une dictature, et, pour ma génération, la démocratie était une sorte d’utopie sacrée, indiscutable. Les émeutes de 2001 m’ont ouvert les yeux sur la nécessité de construire un autre modèle de démocratie, moins monarchique et plus juste, solidaire. Vingt ans après j’y crois encore, mais il y a du boulot !


Merci beaucoup et à très bientôt !

Merci à vous !

Instagram: @lolaalbarracin.auteure





vendredi 9 avril 2021

Quelques questions à Angélique Maurin, autrice d'Amère

 


Bonjour Angélique Maurin, vous venez de publier en auto-édition "Amère", une histoire de femmes qui décrit les répercussions dramatiques de la trahison, avec en thème secondaire, les réminiscences de l'abandon maternel, quelle est la part de vous-même dans ces thèmes à l'atmosphère chargée ?


C’est une question que l’on ne m’a jamais posée directement mais qui a pu cependant transparaître au détour de certaines interrogations de lecteurs. Alors je vais lever tout de suite tous les doutes : Amère n’est pas ma vie!

Ce roman ne traite absolument d’aucun problème personnel qui aurait pu me blesser. Comme il ne m’a pas servi non plus à régler des comptes avec une rivale ou une sœur ou une mère. Comme il n’est pas davantage un aveu de fautes horribles que j’aurais pu commettre par le passé. Bref, c’est juste un roman ! Avec l’invention et l’imagination que cela suppose. Mais il est vrai que je suis toujours plus attirée par les histoires d’amours dramatiques que par les bluettes à l’eau de rose. Alors je ne sais pas si je suis une anti romantique ou au contraire une fanatique absolue de l’amour pour ne pouvoir concevoir de lui apposer ce fameux grand A qui le marque irrémédiablement du sceau du sublime, que si s’y mêlent des larmes, des cris, des déchirures et des renoncements atroces. Je me pose la question parfois, mais je n’y ai pas encore trouvé de réponse tranchée.

Je crois qu’Edmée, cette héroïne décriée car jusqu’au-boutiste, car focalisée uniquement sur ses sentiments et son mysticisme amoureux est une vraie courageuse, une femme passionnée telle que je l’imagine. Elle fait mal et elle s’en moque mais elle s’aime et se respecte et je l’admire profondément pour ça. J’ai été une adolescente en totale rébellion qui voulait ne ressembler à personne, mais je n’ai jamais eu assez de cran et de caractère pour ne pas finalement suivre les diktats de la morale et des chemins tout tracés que la société nous incite à suivre. Je crois qu’Edmée est ce que j’aurais aimé être. Cela ne veut pas dire que je suis d’accord avec tous ses choix, loin de là. Mais elle assume pleinement sa nature profonde et ses élans. J’aime ça. Et plus j’écrivais son histoire, plus j’avais d’amour pour elle. Etrangement, Diane qui était au centre de mes préoccupations premières n’a que la seconde place dans mon cœur.



Votre roman décrit parfaitement le milieu artistique, on sent une grande sincérité de ton, comment connaissez-vous si bien ce milieu , il semble à vous lire, que vous le connaissez de l'intérieur ?


Eh bien non, je n’évolue pas du tout dans ce milieu. Je suis persuadée très humblement, comme d’ailleurs des milliers de personnes dans le monde, d’avoir une sensibilité artistique et je suis très attirée par tout ce qui touche à l’Art au sens large du terme. Mais la peinture, qui est le domaine dans lequel évoluent plusieurs de mes personnages, n’est pas forcément ce que je connais le mieux. J’ai adoré écrire les passages autour de ce thème et je me suis étonnée moi-même de pouvoir donner voix si facilement à la passion de Sam, de Diane, de Gribouille et de leur permettre de s’exprimer avec autant de fluidité sur un sujet que je ne maîtrise pas vraiment. Bien sûr j’ai fait des recherches, bien sûr j’ai pu me documenter, mais finalement cette partie du roman qui vous parait si crédible et si vraie est venue simplement, un peu comme par magie. Sam, notamment, est beaucoup venu me parler la nuit !

Quel a été l'élément déclencheur de cette histoire ?


J’ai déjà expliqué que j’ai commencé l’écriture de ce roman lorsque j’avais une vingtaine d’années. A cette époque là j’étais en plein dans un cursus de sciences médico-sociales et je m’intéressais beaucoup à la littérature sociétale, aux problèmes liés à l’enfance, à l’adolescence, à la famille. Je suppose donc que l’étude de ces problématiques a eu une première influence sur le sujet de départ d’Amère. En fait ce que je voulais traiter c’était le devenir d’un enfant auprès d’un couple qui s’aime trop. Je me demandais si l’amour absolu des parents ne pourrait pas être aussi, voire plus destructeur, que leur discorde ou leur guerre intestine pour l’enfant qui en était issu. Comment arriverait-il à trouver sa place ? A exister ? A se faire aimer ? C’était mon postulat de départ. Ensuite, l’histoire s’est construite d’elle-même.


Quel parcours vous a mené à l'auto-édition ? 


J’ai écrit au départ ce roman pour moi. Sans autre ambition. Je m’étais vraiment fixé pour but de le terminer par satisfaction personnelle, pour aller au bout de ce projet, de cette passion de toujours. Pour ne pas avoir à me reprocher un jour d’avoir laissé tomber.

Puis lorsqu’il a été terminé, j’ai pensé que ce serait bête de ne pas le confronter à l’avis des lecteurs. L’auto-édition étant plus facile d’accès que les maisons d’éditions traditionnelles, j’ai voulu tenter pour voir. Et puis, surprise mais galvanisée par les premiers retours, je me suis laissé emporter par le souffle, par l’élan, par l’envie de petit plus, toujours plus, jour après jour. C’est une aventure qui se poursuit étape par étape. Et chaque étape franchie en appelle une autre.



Dans votre roman il y a peu d'hommes et seulement deux qui ont un rôle positif. Leur place est très secondaire dans le roman, pour quelles raisons ?


Oui c’est vrai ! Je ne leur ai pas laissé beaucoup de place. Les pauvres ! Et en même temps, ils sont tellement essentiels dans ce roman. C’est très paradoxal en fait !

Les hommes sont un peu les seconds rôles de cette histoire, mais tout tourne pourtant autour d’eux.

Car ces femmes sont ce qu’elles sont, font ce qu’elles font pour l’amour de ces hommes là ! Ils sont le centre de leurs vies ! Ils sont encensés, aimés follement ! Ils sont quasiment des muses (mon côté féministe ressortirait-il ?). Ils subissent un peu c’est vrai, ils sont un peu victimes aussi c’est vrai mais les lecteurs ne leur reprochent jamais rien alors que mes héroïnes divisent et s’en prennent plein la tête ! Je pense aimer beaucoup les femmes, je les admire et elles m’inspirent énormément. Il me plaît de les avoir rendues fortes et instigatrices dans Amère. Mais je ne minimise pas leurs défauts, ni leurs failles, ni leurs bêtises ou leur cruauté ! Elles souffrent beaucoup dans le roman et avancent en affichant clairement leur côté noir, destructeur, parfois détestable qui les désacralise beaucoup tout de même! J’aime aussi les hommes bien sûr. N’ai-je pas fait d’eux des objets (le mot est-il bien choisi ?) essentiels d’amour ? Mais je les pose aussi en petite chose fragile et insignifiante. Oui, j’avoue.

Ce n’est pourtant que momentané vous le remarquerez, puisqu’ensuite je leur rends leur place d’hommes, les fais se réveiller, ouvrir les yeux et s’unir pour mettre un terme à ce dramatique destin familial. C’est compliqué non ? Ambivalent en tous cas. Je commence à saisir pourquoi ce roman a été qualifié d’atypique finalement. Mais l’ambivalence permet des histoires peu communes et l’envie de s’y pencher et de les analyser. Je crois que c’est vraiment ce qui me plait le plus.


Merci beaucoup d'avoir répondu à ces questions, à bientôt


Merci à vous Charlie. C’est la première fois que je réponds à une interview où les questions ont été façonnées spécialement autour du roman et de ses problématiques. C’est très appréciable. Vraiment. Merci beaucoup !



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samedi 3 avril 2021

Un nouveau départ !

 

Bonjour à tous !

Cela fait deux jours qu'un homme masqué m'a entraîné dans un sommeil irréel et fantomatique tandis qu'un autre homme masqué perçait mon abdomen pour m'en retirer le sac de kryptonite qui menaçait mon existence. Je me remets doucement de ce moment étrange où un ballon triangulaire s'est posé sur mon visage avec quelques mots gentils et que mon esprit s'est détaché de mon corps, oscillant un instant entre l'angoisse d'un départ impromptu et la paisible certitude de faire partie du grand tout.

C'est donc un nouveau départ vers un corps fiable, qui répond là où on l'attend, qui fait son petit bonhomme de chemin,  bon an, mal an,  sans trop se faire entendre.

Et je souhaite que cette stabilité retrouvée me permette une plus grande régularité dans mon travail littéraire. 

En attendant j'entretiens ma pauvre cervelle avec de la littérature. Je viens de découvrir "l'ami retrouvé" de Fred Uhlman dont j'ai beaucoup aimé l'élégante sobriété. Saint-Exupéry ne disait-il pas que "la perfection est atteinte, non pas quand il n'y a plus rien à ajouter, mais quand il n'y a plus rien à retirer." Voilà une maxime qui m'évitera de "faire des phrases" au lieu de passer un message et de toucher autrui.

Pardonnez la brièveté de cet article, ce n'est que partie remise car je me remets au travail concernant "Les mystères de la forêt enchantée" dont je ne pensais pas qu'ils me prendraient tant de temps pour atteindre un résultat qui me satisfasse. 



mardi 30 mars 2021

Le cercle des auto-édités et la confiance en la vie...

 


Chers amis,

j'ai dépublié "Les mystères de la forêt enchantée" parce que j'avais eu un avis qui faisait écho à ce que je ressentais et pour lequel je manquais de recul : une des histoires était inadaptée au jeune public. J'ai eu envie de proposer quelque chose de fini, de beau, de complet, de corrigé par une pro.

Alors je me suis penchée à nouveau sur les textes et j'ai vu tout un tas de choses à peaufiner. Et puis j'ai croisé la trajectoire d'un illustrateur qui faisait de très belles choses, je l'ai contacté, mine de rien, il était disponible, il m'a proposé des esquisses intéressantes pour mes histoires, un regard différent. C'est troublant ce regard d'autrui sur le monde que l'on porte en soi, que l'on offre au monde, et qu'autrui s'approprie pour lui faire vivre une existence augmentée, à laquelle on n'aurait pas pensé. 

Cela m'amène à l'auto-édition. Je fais partie d'un groupe facebook qui s'appelle #cercledesautoédités, le cercle des auto-édités. Il a été créé par une autrice talentueuse, Sarah Castillo Palayer qui écrit fort bien. Elle anime ce groupe avec une discipline empreinte de bienveillance. Cela fait de cet endroit un lien vraiment différent des autres. On se lit, on se chronique, on le fait chaleureusement, sincèrement, sans attendre que telle ou telle rende la pareille parce que c'est une dynamique collective. Comme j'ai hâte que cette pandémie nous laisse du répit et pouvoir rencontrer ces camarades rêveurs et besogneux…

Je me demande, vraiment, si l'auto-édition, comme on me l'a dit, comme je l'ai lu, si cela est le fait de la médiocrité du texte, du manque de confiance dans le texte, dans la vie, dans l'édition. 

Il y a des livres réellement bons, bien écrits, bien ficelés dans l'auto-édition et j'ai lu des torchons qui sortaient de maisons d'édition. Cela dit, c'est vrai que je vois davantage de maladresses et de fautes sur un livre autoédité de base. On sent qu'il y manque des conseils, un expérience. Et les très bons livres autoédités sont rarement les premiers (mais cela arrive ! ) et je m'inclus dans le lot des, ô combien perfectibles.

Pensez-vous que la malédiction de l'auteur auto-édité réside dans son manque de confiance en son texte ? Son manque de patience devant les éditeurs qui ne répondent pas ? La simplicité de cette possibilité d'être son propre maître ? La sensation d'être rétribué pour son travail de manière plus équitable via l'auto-édition que par l'édition traditionnelle ?

J'ai une interview en attente pour vous, mais j'ai du travail à faire avant de la publier. Il faut que j'envoie mes questions à ma correctrice préférée, et j'aimerais bien interroger aussi mes camarades du cercle (n'est-ce pas mystérieux et fascinant d'appartenir à un cercle ? Et pas n'importe lequel, un cercle d'intellectuels, oui môssieur ! Des gens lettrés, talentueux, passionnés… [et si j'étais juste dans la quadrature du cercle mais pas dans le cercle… Des professeurs, des enseignants, des chercheurs, des archéologues, des gagnats de prix, de concours littéraire, et voilà qu'une guérisseuse de quat'sous prétend l'intégrer….] Chut petit hamster, cesse un peu de faire tourner la roue et va regarder les étoiles. Elles sont à la même distance de chaque Terrien, grand ou petit.)

Sinon pour ce qui concerne ma santé, tout devrait se résoudre cette semaine, enfin ! Et je serai plus régulière dans mes publications.


Et vous, lisez-vous de l'auto-édition ?

A très vite !

jeudi 25 mars 2021

Les nouvelles de mars

 

Bonjour les amis, après le trailer des Forçats réalisé par TN Productions,
je me suis lancée dans ma première vidéo IGTV via Instagram que voilà 
C'est une première et j'ai mis des semaines avant de me décider à la publier. Je verrai bien ce que cela donne.
Dans le registre "trois pas en arrière", j'ai dépublié "Les mystères de la forêt enchantée", le produit fini me semblait moche, pas assez fini. Je ne me voyais pas le porter. Donc je reprends tout. Je reprends le texte car l'un des contes, sujet polémique, me paraît difficile à assumer à moins d'un grand ajustement, et la couverture et les images ne correspondent pas à mon univers. Donc je reprends et j'ai même trouvé un infographiste qui dessine fabuleusement bien avec qui je vais probablement travailler.

Pour les infos personnelles, mes ennuis de santé ne seront bientôt plus qu'un souvenir.

A bientôt ! 



mercredi 17 mars 2021

Le petit texte de mars

 

Bonjour à tous !

Vous avez été nombreux à lire l'interview à David Louyot, j'espère que ça vous a plu.

Je vous avais mentionné la masterclass avec Bernard Werber, figurez-vous que le site hébergeur des masterclasses se situait là où a eu lieu l'incendie OVH à Strasbourg la semaine dernière. Les masterclasses sont donc indisponibles cette semaine et, pour se faire pardonner leur indisponibilité, le site nous a donné l'accès gratuit à toutes les premières vidéos de toutes les masterclasses. C'est chic.

J'ai donc pu visionner celle d'Eric-Emmanuel Schmitt, un auteur que j'aime beaucoup (qui pourrait ne pas l'aimer ? C'est l'archétype de la perfection : souriant, charmant, érudit, bienveillant, travailleur acharné, compréhensif, avec une écriture magnifique…) et qui nous fait réfléchir sur les raisons pour lesquelles on écrit.

Lorsque j'étais enfant, je n'aimais pas la vie telle que nous la vivons. J'aurais préféré être un personnage de dessin animé : physiquement irréprochable, sans défaut sur le papier, sans besoins physiques, uniquement préoccupée par mes émotions, mon évolution spirituelle, les aventures à traverser et les relations avec les autres personnages. 

Depuis j'ai compris que je pouvais vivre cette sensation en créant les mondes que je maîtrise et également que toute expérience que je vis peut nourrir l'écriture et donc, que la vie terrestre est préférable à la vie de papier.

Je tâche d'appliquer ce principe aux expériences désagréables que je vis et c'est ainsi que je vous partage le petit texte de mars…

" Cela commence par une gêne au niveau de l'estomac. Avant je n'y prenais pas garde. Maintenant je sais. Cela ne partira pas seul. Au fur et à mesure que la gêne croît, l'attention se mue en inquiétude. La gêne sous les côtes devient une barre douloureuse. D'abord molle et orange, elle rougit en durcissant, sa simple présence devient sévère, hostile. Je la masse pour l'amadouer, la rapetisser, l'effacer mais en vain.

La culpabilité, héritage familial et culturel dont je ne parviendrais sans doute jamais à me défaire totalement, se rappelle à moi. Une figure paternelle, imaginaire et implacable me tance méchamment :

"Tu as trop mangé ! Goinfre !

_ Mais j'ai respecté les recommandations de l'hôpital !

_ Stupide. Tu sais bien que tu ne tolères pas ces recommandations. Bien fait pour toi.

_ Mais j'ai diminué les quantités par deux ! J'ai faim !

_ Sotte. Tu n'as pas assez mal sinon tu te contenterais de ton bouillon et tes problèmes seraient résolus. Tu as bien assez de réserves, le jeûne ne te fera que du bien.

_ En fait, répond ma raison, le médecin m'a bien précisé le caractère inéluctable de ces épisodes et leur gravité potentielle tant que je serais pas opérée. Et le jeûne n'est pas recommandé, d'ailleurs les recommandations sont contradictoires entre les médecins et les diététiciennes.

_ Et bien sûr tu choisis ce qui t'arranges ! Regarde-toi, dans quel état tu t'es mise ! Et maintenant te voilà bonne à rien."

La douleur me courbe à présent. Je me glisse jusqu'à la cuisine, un peu d'eau, un antalgique. Non, deux. Et je me laisse choir dans un lit, le visage crispé.

La barre irradie désormais dans les bras et les épaules. 

Tandis que j'attends l'effet des antalgiques je tâche de désolidariser mon esprit de mon corps. La douleur appartient à mon enveloppe charnelle. 

J'enclenche une musique d'Amérique du Sud, un feu qui crépite, une flûte de pan, un syrinx. Mes yeux se ferment tandis que je deviens une note. Soufflée par un garçon aux cheveux longs et noirs, aux bras nus et vêtu d'un gilet de daim. Je suis portée par le vent. Je flotte dans une bise légère et fraîche. Mes craintes sont restées dans mon corps. Bien que la barre, par moments, se change en mains griffues qui pressent mes organes comme un serre-joint, je sais que tout cela n'est qu'une question de patience. 

Le vent me dépose au sommet de la vague. Je me laisse porter. Elle finira bien par mourir sur la plage. Je flotte dans l'immensité, confiante dans l'impermanence universelle qui me délivrera d'une manière ou d'une autre, je consens à mon impuissance constitutionnelle, et par un synchronisme heureux, l'étau se desserre. 

L'accès passe. La douleur devient un souvenir. Bientôt je pourrai reprendre ma forme humaine et j'oublierai."

lundi 15 mars 2021

Quelques questions à David Louyot, auteur de Young César





Bonjour à tous ! A tous ceux qui sont férus d'Histoire : vous allez vous régaler, surtout si vous en pincez pour la période gallo-romaine. C'est la période dans laquelle David Louyot est spécialiste. Il a de multiples casquettes et pour ceux qui ne le connaissent pas encore nous allons remédier à cette lacune. 

 Bonjour Monsieur Louyot, à l'occasion de la sortie de votre dernier livre "Young César", vous avez accepté de répondre à quelques questions et je vous en remercie. L'histoire de "Young César" raconte la jeunesse de Jules César. Vous aviez précédemment écrit l'enfance du fils possible de Vercingétorix. Les deux livres se répondent-ils ? S'adressent-ils au même lectorat ?

En 2014, j'ai effectivement écrit mon premier roman intitulé "Toi aussi, mon fils !" dans lequel j'ai choisi de mettre en scène le fils fictif de Vercingétorix. A cette époque, j'étais encore pleinement archéologue et spécialiste de l'âge du Fer, qui comprend la période gauloise. J'avais envie de stimuler notre imaginaire sur ces Gaulois qui sont peu mis en scène dans la littérature ou encore au cinéma. Je me suis donc lancé dans l'écriture de l'histoire de ce fils inventé de Vercingétorix, de son adolescence à son âge de jeune adulte. J'ai alors pris un grand plaisir à le plonger dans une aventure semée d'embûches qui l'amène à être enlevé par les Romains, à rencontrer l'amour et à se venger de César. "Young César" fait écho à "Toi aussi, mon fils !", puisqu'il remet en scène Jules César. Sauf que cette fois, c'est lui l'adolescent, car il a 17 ans. J'ai exactement repris les mêmes codes de "Toi aussi, mon fils !" en mêlant faits historiques réels et pure fiction. A mi-chemin entre le roman d'aventures et historique, "Young César" est un mélange entre histoires d'amour impossibles, manigances familiales et magie noire. Les deux livres s'adressent à un lectorat appartenant au courant young adult ou jeune adulte aux contours un peu flous. Cela signifie en tout cas que l'on peut les lire à partir de 13 ans, car j'ai toujours eu à cœur (et là, c'est le professeur d'Histoire-géo qui parle) de transmettre le goût de l'histoire et de la littérature aux plus jeunes. 

Quel a été votre procédé d'écriture pour "Young César"? Vous hantait-il depuis longtemps, dans un coin de votre tête ? Vous a-t-il au contraire coûté beaucoup de temps et d'effort ? 

Cela faisait que j'avais en tête "Young César". Pour tout dire, dès la fin de l'écriture de "Toi aussi, mon fils !" en 2014. Mais l'évolution de mon parcours professionnel, c'est-à-dire le passage de l'archéologie à l'enseignement, m'a éloigné de l'écriture pendant un moment. Et ce n'est qu'en 2017 que je me suis lancé dans l'écriture de "Young César". Il m'a fallu un an et demi pour le terminer en n'écrivant que le soir. Ecrire un livre demande du temps et des efforts, mais cela n'est rien comparé aux sentiments d'évasion et de bien-être que cela procure. En tout cas, l'écriture de "Young César" a débloqué quelque chose chez moi, puisque, depuis, je ne cesse d'avoir plusieurs projets de roman. 

Vous possédez un doctorat en histoire ancienne et archéologie, vous êtes un chercheur dont les travaux sont publiés en revues universitaires, vous continuez les fouilles, vous êtes actuellement professeur d'histoire, l'auteur de "tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la période des gaulois sans jamais avoir osé le demander à Astérix", vous avez sûrement été un gaulois dans une vie antérieure, vous partagez votre passion merveilleusement bien, que vous reste-t-il à accomplir concernant cette période ? Allez-vous passer à une autre époque ? Quelle sera votre prochaine étape ? 

Merci pour le compliment ! Cela me fait très plaisir d'entendre que j'arrive à partager ma passion, car c'est l'une des choses les plus importantes pour moi. Et peut-être ai-je été un Gaulois (avec un peu plus de cheveux)... ou un Romain dans une vie antérieure. Qui sait ? Concernant cette période, l'histoire n'est pas finie, car j'ai pour projet d'écrire une suite à "Young César". C'est un personnage auquel je me suis attaché et que j'ai envie de faire évoluer. Mais comme je vous l'ai dit, j'ai plusieurs projets de roman. Dernièrement, j'ai terminé l'écriture d'un roman young adult qui se passe de nos jours et qui est bien loin de ce que j'ai fait jusqu'à présent. C'est un thriller teinté d'une critique sociale et environnementale, mettant en scène une héroïne cette fois. Mais je n'en dis pas plus. C'est encore un secret. 

Où peut-on acheter Young césar ou un autre de vos ouvrages avec une dédicace ? 

Vous pouvez trouver ou commander mon roman dans la plupart des librairies. Pour les dédicaces, j'espère en faire au moins en Nouvelle Aquitaine dès que la situation sanitaire se sera un peu apaisée. En tout cas, je n'attends que cela ! Merci beaucoup David Louyot et à bientôt ! 




https://www.francebleu.fr/culture/livres/le-coin-lecture-de-france-bleu-perigord-young-cesar-un-jeune-heros-en-gaule-romaine-de-david-louyot-1600525436
https://www.instagram.com/davidlouyot/?hl=fr
https://www.facebook.com/louyotdavid

Les Mystères de la Forêt enchantée

Me revoilà après de longs mois d'absence et de découragement. Vous vous souvenez du capitaine qui éditait des livres et qui était intére...