vendredi 16 avril 2021

Quelques questions à Lola Albarracin, auteur de Buenos Aires Mayday

 

 Bonjour à tous, 

Après quelques jours de repos, j'ai le plaisir de vous faire part de quelques questions auxquelles Lola Albarracin à bien voulu répondre. C'est l'auteur de Buenos Aires Mayday, un roman dans lequel la petite histoire de Carola, jeune femme perdue, sans attache, s'inscrit dans l'Histoire de l'Argentine, entre misère et corruption. Au travers les réponses de Lola transparaît une femme sensible à l'esprit ouvert que l'on a plaisir à découvrir.

Bonjour Lola Albarracin, j'ai découvert votre titre Buenos Aires Mayday et il m'a donné beaucoup à penser à votre sujet ! Le personnage principal est une hôtesse de l'air, vous parlez de ce milieu comme si vous le connaissiez très bien, avez-vous été hôtesse de l'air vous-même ?


Non, je n’ai jamais été hôtesse de l’air et je connais mal ce métier. Lorsque je construisais le personnage de Carola, j’ai cherché à lui attribuer une profession qui symbolise au mieux son besoin constant de fuir, à la fois sa propre histoire et les réalités de ce bas monde. Hôtesse de l’air m’a semblé le métier idéal pour la caractériser. Mes voyages en avion et quelques lectures ont suffi.


Votre roman décrit l'Argentine, votre nom sonne délicieusement Amérique du Sud, quelle est la part de vous dans ce récit ?


La part de moi dans mon roman est considérable, puisque je suis née à Buenos Aires, y ai grandi avant d’atterrir en France dans les années ‘90. Je suis donc une auteure franco-argentine, et je voulais que mon premier roman soit à l’image de ma double culture : écrit en français mais situé à Buenos Aires, comme un pont symbolique entre les deux pays.


L'Argentine de votre récit se consume dans des affrontements meurtriers contre l'injustice et la corruption et votre personnage principal est passif devant tout cela. Que pensez-vous d'elle, de son attitude ? Qu'auriez-vous fait à sa place ?


Je n’approuve pas l’attitude de Carola, mais je la comprends. Les ravages de la dictature sont tels qu’il lui faut des défenses solides pour survivre, suite au traumatisme de la disparition de ses parents. Cela l’isole et la rend inaccessible, mais elle n’a pas pu faire autrement. Et je me garderais bien de dire ce que j’aurais fait à sa place ; personne d’honnête ne peut le faire, je crois. Cela dit, je regrette la facilité avec laquelle nous contemplons passivement les dérives de ce monde : nous nous habituons aux injustices et à la misère que nous croisons pourtant tous les jours, au bas de nos immeubles, au coin de la rue.


A quel personnage de votre roman ressemblez-vous et en quoi ?


Comme Carola, j’ai souvent la tête dans les nuages, et j’ai mis un océan de distance d’avec mon pays natal. Je partage avec elle et avec le personnage d’Ana le besoin de fuir la réalité par moments -c’est peut-être un trait commun de ceux qui font un travail de création. Bien sûr, je me reconnais moins dans les personnages du Chanta et d’Andrès, mais ce type de personne existe : ils manifestent tous deux les effets néfastes du pouvoir, le pouvoir politique et de l’argent.


Quel a été l'élément déclencheur de ce roman ?


Lors d’un voyage en Argentine, deux éléments en apparence hétéroclites se sont rencontrés dans mon esprit. Mon imagination a fait le reste.

Quelqu’un m’a raconté le cas d’une hôtesse de l’air dont la valise était remplie de cocaïne, et qui était en couple avec un homme qu’on appelait le Comte.

Par ailleurs, je me suis renseignée sur les émeutes de 2001, et j’ai ressenti la culpabilité de ne pas avoir été à Buenos Aires à ce moment-là. J’ai alors pris conscience des travers de nos démocraties, ce qui n’était pas évident car j’ai grandi dans une dictature, et, pour ma génération, la démocratie était une sorte d’utopie sacrée, indiscutable. Les émeutes de 2001 m’ont ouvert les yeux sur la nécessité de construire un autre modèle de démocratie, moins monarchique et plus juste, solidaire. Vingt ans après j’y crois encore, mais il y a du boulot !


Merci beaucoup et à très bientôt !

Merci à vous !

Instagram: @lolaalbarracin.auteure





3 commentaires:

  1. Merci pour cet échange qui m’a donné envie de lire ce livre.
    J’attente avec impatience de lire vos prochaines rencontres littéraires.

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  2. Merci pour cet échange qui m’a donné envie de lire ce livre.
    J’attente avec impatience de lire vos prochaines rencontres littéraires.

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