vendredi 30 avril 2021

La solitude de ceux qui sont plusieurs dans leur tête

 

Bonjour à tous !

Aujourd'hui j'ai compris que je suis seule. 

Je porte des mondes dans ma tête, des mondes peuplés de héros, de magie, de personnages complexes, beaux et qui me fascinent. 

Ces mondes resteront dans ma tête si je n'en parle pas. Si je ne les fait pas exister à l'extérieur et je crois pourtant qu'ils portent un message utile, parfois triste, drôle, profond, divertissant ou tragique, grotesque ou sublimant le réel consternant que l'on nous sert. 

Quand les enfants d'aujourd'hui reviennent de l'école avec la responsabilité de sauver la planète dans laquelle les adultes les engluent, avec un imaginaire apocalyptique, les rêves peuplés d'espèces en voie de disparition, de fonte de glaces, de forêt Amazonienne en flamme, d'Amérindiens spoliés, j'ai voulu proposer d'autres rêves. 

Dans le monde que j'ai créé,  la maladie se guérit avec beaucoup de tendresse,  les accidents ne résistent pas à une formule magique, nos disparus reviennent nous rassurer, nous parler, et restent dans les parages pour voir comment on s'en sort.

Pourtant quelle est la valeur d'un univers dans lequel je suis la seule à croire ?

Partant de ce constat j'ai sollicité très peu les amis, simplement pour signaler la disponibilité de mes textes, parfois pour une lecture permettant d'apaiser mes doutes. Et j'ai pris le train en marche. Je suis une brave fille, pas contrariante, je fais ce qu'on me dit, confiante en l'expérience et les conseils d'autrui, forcément plus compétent que moi. Alors j'ai créé ce blog, alors j'ai créé une page Facebook, un profil Insta, moi qui n'y étais pas. 

J'ai reçu des remarques et des suggestions intelligentes que j'ai prises en compte. Je tâche de donner une attention pleine et entière à d'autres auteurs que j'aime lire et qui ont autant besoin de visibilité et d'encouragement que moi. 

Aujourd'hui j'ai pris un uppercut verbal d'une personne qui m'est chère et j'ai compris que je suis seule. 

Seule avec mes rêves dans un monde réel pour qui tout se traduit en valeur marchande. Mais je suis un personnage de mon rêve. Et l'argent est pour moi un frein puissant à notre humanité profonde. Je crois tellement plus fort dans l'échange entre humains. Les personnages de mon rêve ne se prennent pas en photo pour Insta, ils ne sont pas sur Facebook. Ils vivent, ils aiment, ils pleurent et rient. Ils agissent et ne perdent pas tout ce temps à se mettre en scène et se regarder agir et prétendre vivre. Je ne suis fondamentalement pas adaptée à ce monde de Narcisse où l'on passe son temps à s'exprimer pour exister alors que le discours proposé est souvent d'une indigence tragique.

Mes efforts ridicules pour toucher cette partie du monde ne font que me rendre grotesque. Merci, chère âme dont le trait a déchiré le voile qui scellait mon regard sur moi-même. La leçon fut rude mais utile.

Rendre un texte vendeur, n'est-ce pas le début de la compromission ? Et la compromission, n'est-elle pas le début de la trahison ? Peut-être que le meilleur endroit pour que mon monde existe, c'est... dans le dernier tiroir du secrétaire.

Charlie, 

espèce en voie de disparition car inadaptée à l'environnement. 

Note pour plus tard : fermer bien sa bouche tant que tous les signaux d'un intérêt réel ne sont pas détectables. La plupart des gens écoutent par politesse, pour avoir le droit de s'exprimer. Prendre l'habitude de les faire parler d'eux-mêmes sans réciprocité, au pire j'apprends la patience, au mieux chaque vie est un roman, et dans tous les cas, réserver mon propre récit pour un intérêt plein et entier.



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