Bonjour
Angélique Maurin, vous venez de publier en auto-édition "Amère",
une histoire de femmes qui décrit les répercussions dramatiques de
la trahison, avec en thème secondaire, les réminiscences de
l'abandon maternel, quelle est la part de vous-même dans ces thèmes
à l'atmosphère chargée ?
C’est
une question que l’on ne m’a jamais posée directement mais qui a
pu cependant transparaître au détour de certaines interrogations de
lecteurs. Alors je vais lever tout de suite tous les doutes :
Amère n’est pas ma vie!
Ce
roman ne traite absolument d’aucun problème personnel qui aurait
pu me blesser. Comme il ne m’a pas servi non plus à régler des
comptes avec une rivale ou une sœur ou une mère. Comme il n’est
pas davantage un aveu de fautes horribles que j’aurais pu commettre
par le passé. Bref, c’est juste un roman ! Avec l’invention
et l’imagination que cela suppose. Mais il est vrai que je suis
toujours plus attirée par les histoires d’amours dramatiques que
par les bluettes à l’eau de rose. Alors je ne sais pas si je suis
une anti romantique ou au contraire une fanatique absolue de l’amour
pour ne pouvoir concevoir de lui apposer ce fameux grand A qui le
marque irrémédiablement du sceau du sublime, que si s’y mêlent
des larmes, des cris, des déchirures et des renoncements atroces. Je
me pose la question parfois, mais je n’y ai pas encore trouvé de
réponse tranchée.
Je
crois qu’Edmée, cette héroïne décriée car jusqu’au-boutiste,
car focalisée uniquement sur ses sentiments et son mysticisme
amoureux est une vraie courageuse, une femme passionnée telle que je
l’imagine. Elle fait mal et elle s’en moque mais elle s’aime et
se respecte et je l’admire profondément pour ça. J’ai été une
adolescente en totale rébellion qui voulait ne ressembler à
personne, mais je n’ai jamais eu assez de cran et de caractère
pour ne pas finalement suivre les diktats de la morale et des chemins
tout tracés que la société nous incite à suivre. Je crois
qu’Edmée est ce que j’aurais aimé être. Cela ne veut pas dire
que je suis d’accord avec tous ses choix, loin de là. Mais elle
assume pleinement sa nature profonde et ses élans. J’aime ça. Et
plus j’écrivais son histoire, plus j’avais d’amour pour elle.
Etrangement, Diane qui était au centre de mes préoccupations
premières n’a que la seconde place dans mon cœur.
Votre
roman décrit parfaitement le milieu artistique, on sent une grande
sincérité de ton, comment connaissez-vous si bien ce milieu , il
semble à vous lire, que vous le connaissez de l'intérieur ?
Eh
bien non, je n’évolue pas du tout dans ce milieu. Je suis
persuadée très humblement, comme d’ailleurs des milliers de
personnes dans le monde, d’avoir une sensibilité artistique et je
suis très attirée par tout ce qui touche à l’Art au sens large
du terme. Mais la peinture, qui est le domaine dans lequel évoluent
plusieurs de mes personnages, n’est pas forcément ce que je
connais le mieux. J’ai adoré écrire les passages autour de ce
thème et je me suis étonnée moi-même de pouvoir donner voix si
facilement à la passion de Sam, de Diane, de Gribouille et de leur
permettre de s’exprimer avec autant de fluidité sur un sujet que
je ne maîtrise pas vraiment. Bien sûr j’ai fait des recherches,
bien sûr j’ai pu me documenter, mais finalement cette partie du
roman qui vous parait si crédible et si vraie est venue simplement,
un peu comme par magie. Sam, notamment, est beaucoup venu me parler
la nuit !
Quel
a été l'élément déclencheur de cette histoire ?
J’ai
déjà expliqué que j’ai commencé l’écriture de ce roman
lorsque j’avais une vingtaine d’années. A cette époque là
j’étais en plein dans un cursus de sciences médico-sociales et je
m’intéressais beaucoup à la littérature sociétale, aux
problèmes liés à l’enfance, à l’adolescence, à la famille.
Je suppose donc que l’étude de ces problématiques a eu une
première influence sur le sujet de départ d’Amère. En fait ce
que je voulais traiter c’était le devenir d’un enfant auprès
d’un couple qui s’aime trop. Je me demandais si l’amour absolu
des parents ne pourrait pas être aussi, voire plus destructeur, que
leur discorde ou leur guerre intestine pour l’enfant qui en était
issu. Comment arriverait-il à trouver sa place ? A exister ?
A se faire aimer ? C’était mon postulat de départ. Ensuite,
l’histoire s’est construite d’elle-même.
Quel
parcours vous a mené à l'auto-édition ?
J’ai
écrit au départ ce roman pour moi. Sans autre ambition. Je m’étais
vraiment fixé pour but de le terminer par satisfaction personnelle,
pour aller au bout de ce projet, de cette passion de toujours. Pour
ne pas avoir à me reprocher un jour d’avoir laissé tomber.
Puis
lorsqu’il a été terminé, j’ai pensé que ce serait bête de ne
pas le confronter à l’avis des lecteurs. L’auto-édition étant
plus facile d’accès que les maisons d’éditions traditionnelles,
j’ai voulu tenter pour voir. Et puis, surprise mais galvanisée par
les premiers retours, je me suis laissé emporter par le souffle, par
l’élan, par l’envie de petit plus, toujours
plus, jour après jour. C’est une aventure qui se poursuit étape
par étape. Et chaque étape franchie en appelle une autre.
Dans
votre roman il y a peu d'hommes et seulement deux qui ont un rôle
positif. Leur place est très secondaire dans le roman, pour quelles
raisons ?
Oui
c’est vrai ! Je ne leur ai pas laissé beaucoup de place. Les
pauvres ! Et en même temps, ils sont tellement essentiels dans
ce roman. C’est très paradoxal en fait !
Les
hommes sont un peu les seconds rôles de cette histoire, mais tout
tourne pourtant autour d’eux.
Car
ces femmes sont ce qu’elles sont, font ce qu’elles font pour
l’amour de ces hommes là ! Ils sont le centre de leurs vies !
Ils sont encensés, aimés follement ! Ils sont quasiment des
muses (mon côté féministe ressortirait-il ?). Ils subissent
un peu c’est vrai, ils sont un peu victimes aussi c’est vrai mais
les lecteurs ne leur reprochent jamais rien alors que mes héroïnes
divisent et s’en prennent plein la tête ! Je pense aimer
beaucoup les femmes, je les admire et elles m’inspirent énormément.
Il me plaît de les avoir rendues fortes et instigatrices dans Amère.
Mais je ne minimise pas leurs défauts, ni leurs failles, ni leurs
bêtises ou leur cruauté ! Elles souffrent beaucoup dans le
roman et avancent en affichant clairement leur côté noir,
destructeur, parfois détestable qui les désacralise beaucoup
tout de même! J’aime aussi les hommes bien sûr. N’ai-je pas
fait d’eux des objets (le mot est-il bien choisi ?) essentiels
d’amour ? Mais je les pose aussi en petite chose fragile et
insignifiante. Oui, j’avoue.
Ce
n’est pourtant que momentané vous le remarquerez, puisqu’ensuite
je leur rends leur place d’hommes, les fais se réveiller, ouvrir
les yeux et s’unir pour mettre un terme à ce dramatique destin
familial. C’est compliqué non ? Ambivalent en tous cas. Je
commence à saisir pourquoi ce roman a été qualifié d’atypique
finalement. Mais l’ambivalence permet des histoires peu communes et
l’envie de s’y pencher et de les analyser. Je crois que c’est
vraiment ce qui me plait le plus.
Merci
beaucoup d'avoir répondu à ces questions, à bientôt
Merci
à vous Charlie. C’est la première fois que je réponds à une
interview où les questions ont été façonnées spécialement
autour du roman et de ses problématiques. C’est très appréciable.
Vraiment. Merci beaucoup !
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