jeudi 13 mai 2021

Quelques questions à Florence Tassoni, auteur de la Promesse de l'archipel

 

Bonjour à tous !

La reprise du travail à un rythme (trop) soutenu me contraint à quelques irrégularités dans mes publications, et c'est avec un peu de retard que je vous propose de découvrir l'auteur de La Promesse de l'archipel, un roman autoédité qui m'a beaucoup plu. C'est Florence Tassoni qui en est l'auteur, c'est une femme à découvrir, il émane de ses textes et de sa personne, une grande générosité, un désir altruiste et humaniste, une ouverture d'esprit, une volonté d'échange. Elle vit à Bali et pourtant la distance n'amenuise pas cette impression délicieuse que, si nous étions face à face, elle deviendrait sûrement une amie chaleureuse.

Bonjour Florence Tassoni, je viens de découvrir votre plume dans "La promesse de l'archipel", un roman auto-édité qui m'a donné envie d'en savoir davantage sur vous. 
Ce roman porte en lui beaucoup de thèmes et de sous-thèmes, il est très riche. Il contient la fuite, la lâcheté, le déni, la mort, les frontières entre le monde de la vie et celui de l'invisible, et c'est surtout un récit lumineux sur la réconciliation, la force du pardon.
A travers ce roman, une philosophie de vie, un message très fort semble affleurer, quel est le message que vous avez vécu, découvert, et que vous avez à cœur de partager, de mettre à disposition de vos lecteurs ?

Bonjour Charlie et merci de m'offrir cet espace, j'y suis très sensible.
Il est exact que "La Promesse de l'archipel" porte ces thèmes qui me sont chers. J'avais démarré l'écriture de ce roman il y a de longues années et je m'étais interrompue. Si à l'époque, je l'avais achevé, je suis certaine qu'il aurait été bien différent …à son désavantage, ai-je la faiblesse de penser. Il a fallu un événement dramatique dans ma vie pour que ma vision des choses se modifie mais également pour que je m'autorise enfin à écrire, ce qui était mon rêve depuis toujours.
J'ai perdu mon père il y a trois ans et ce deuil a bouleversé ma vie, pour le meilleur, ce qui semble paradoxal. Après l'inévitable période de profonde douleur s'est initiée une phase de transformation intérieure. J'ai tout naturellement pris un pas de côté pour considérer la vie sous un angle légèrement modifié. Ce que j'ai constaté, c'est que tout n'est pas irrémédiablement gravé dans le marbre et qu'il est parfois utile de questionner nos certitudes afin de s'ouvrir au mieux : comprendre l'autre, se comprendre soi-même, faire preuve de plus de tolérance et d'empathie...et ouvrir son cœur au pardon, une notion qui était si loin de moi auparavant.
Alors j'ai ressorti cette ébauche de roman de son tiroir et je l'ai repris, modifié.
Je ne suis pas une adepte des feel-good, peut-être n'en ai-je pas assez lu pour pouvoir les apprécier sans y trouver une facilité à laquelle je voulais échapper.(mais je me trompe peut-être, n'y voyez aucun jugement). La vie de mes personnages s'est construite autour des complexités de la vie, de nos blessures profondes et j'ai fais prendre à mon héros ce fameux petit pas de côté pour l'entraîner sur un chemin qu'il ne voyait pas.

Avant ce roman, votre premier titre "D'une âme à l'autre" a été édité aux éditions Exergue. L'édition traditionnelle est le rêve de beaucoup d'auteurs, quel a été votre parcours pour y arriver ? Pourquoi n'avez-vous pas renouvelé l'expérience pour "La promesse de l'archipel" ?
 
L'édition traditionnelle est effectivement le Graal de tout auteur. Pour mon premier livre, les choses se sont enchaînées naturellement comme si cela "devait être". Malheureusement sa sortie a coïncidé avec le premier confinement et c'est également à ce moment-là que j'ai entamé mes recherches d'éditeur pour "la promesse de l'archipel". J'ai malgré tout eu la chance de passer en comité de lecture d'une maison d'édition majeure qui, dans sa note de synthèse, a écrit une vérité implacable: " la situation sanitaire actuelle rend le pas de porte de l'édition traditionnelle infranchissable pour les nouveaux auteurs". Forte de cela, j'ai cessé de me torturer et me suis tournée vers l'autoédition.


Ayant testé l'édition traditionnelle et l'autoédition, que préférez-vous et pourquoi ?

Etant donc auteure hybride, je vais vous faire une réponse du même acabit : Je préfère bien entendu l'exposition procurée par l'édition traditionnelle, le livre étant disponible partout. L'autoédition offre une grande liberté qui est agréable, mais je ne vais pas vous mentir, pour mes livres prochains je chercherai à nouveau une maison d'édition. Ce que j'aime c'est écrire, et non passer mon temps à lutter contre l'invisibilité de l'autoédition. Ce travail promotionnel indispensable rend l'écriture sereine plus difficile, chaque jour il faut se battre pour être vue, pour être lue. C'est dommage mais c'est ainsi. Je rêve d'une maison d'édition, même petite qui travaillerait en vrai partenariat avec son auteur. Laissez-moi rêver !


Pour écrire et rendre ses écrits publics, il faut passer un cap, croire suffisamment en son texte pour oser l'exposer. Qu'est-ce qui vous a permis de passer le cap ? Vous parlez librement du décès de votre père comme élément déclencheur, mais par quel mécanisme intérieur votre manuscrit est passé du tiroir au bureau de l'éditeur ? 

Pour mon premier livre "D'une âme à une autre" qui est un récit et non un roman, J'ai été poussée dans le dos par une force venue d'ailleurs et je me plais à croire que mon père, de là où il était, l'a écrit avec moi. "Nous" avions besoin de partager les expériences folles qu'il s'appliquait à me faire vivre. Ce cap, je l'ai franchi avec son aide et son soutien, ça semble fou mais c'est ainsi.
Entre l'acceptation par l'éditeur et sa sortie, il s'est passé une année d'attente pendant laquelle j'étais à la fois impatiente et anxieuse. J'allais m'exposer, surtout pour un récit de ce type qui risquait de me catégoriser parmi les "perchés de service", je me dévoilais, je mettais mes faiblesses à nues.
Les premiers retours de lecteurs m'ont comblé et ont apaisé mes peurs. C'est encore aujourd'hui toujours aussi magique de recevoir des messages de remerciements de personnes endeuillées.
Il ne m'en fallait pas plus pour me débloquer enfin totalement et choisir de sortir mon roman " la Promesse de l'archipel".

En vous lisant on ressent beaucoup d'émotions très fortes, la nécessité de l'introspection. Vous vivez à Bali, vous avez beaucoup voyagé dans des pays à la spiritualité très différente, quel a été l'impact, dans votre vie personnelle, des lieux que vous avez investi, dans votre vie intérieure, dans votre rapport au divin, au spirituel ? 

En 20 ans d'expatriation, c'est vrai que l'exposition à différentes cultures a du agir sur un plan inconscient. J'ai laissé faire, toutes ces années, sans trop me poser de questions, j'étais d'éducation cartésienne, mais l'infusion a du prendre presque à mon insu. A nouveau, le décès de mon père a été un violent déclencheur et tout a surgi, de façon évidente. Aujourd'hui mon rapport à la spiritualité est très fort, ce qui me pousse vers l'examen minutieux de l'humain et de ses blessures, de ses conditionnements, de ses blocages. Mais rassurez-vous, en bon taureau que je suis, j'ai les deux pieds bien ancrés sur terre !


Vous parlez des signes que la cartésienne que vous étiez a perçu après le décès de votre père. Si vous étiez restée au pays de Descartes, pensez-vous que vous auriez été aussi réceptive à ces signes ?

Il est évident que Bali n'est pas étrangère à tout ce que j'ai pu percevoir. Cette île est empreinte de spiritualité, qu'on y soit sensible ou pas, on ne peut que le sentir. On l'appelle d'ailleurs "l'île des Dieux".
Aurais-je vécu les mêmes expériences en étant restée en Occident? Probablement pas avec la même intensité en tout cas, dans une ambiance plus anxiogène. Je me pose souvent cette question et n'en ai bien sûr pas la réponse, mais je fais partie de ceux qui croient que ce qui doit arriver arrive, au bon moment.

Voulez-vous partager avec nous le signe qui vous a fait basculer dans la certitude que feu votre père tentait d'entrer en communication avec vous ?

Depuis quelques années je m'étais mise à la peinture, exclusivement de nature abstraite. C'était une activité confidentielle, un plaisir. En Janvier 2018, et alors que je ne peignais plus depuis quelques mois, mon père avec qui j'avais des rapports compliqués m'a commandé une peinture. Ce fut son tout dernier message puisqu'il est mort 15 jours plus tard. Je n'ai pas repris la peinture, je n'en avais plus ni la force ni l'envie. Trois mois après son décès pourtant, en plein milieu de la nuit, nous avons été réveillés par un bruit bizarre. Mon téléphone "appelait", seul, un numéro que je ne reconnaissais pas. Le lendemain matin après recherche, j'ai réalisé que mon téléphone avait appelé mon fournisseur de peinture. J'ai commence à vaciller à ce moment-là.
Alors je me suis mise à ce fameux tableau qu'il m'avait demandé avant sa mort, et je l'ai achevé...Qu'allais-je en faire? Je l'ignorais. Jusqu'à ce que je le descende de mon atelier pour le montrer à mon mari ( en général avec l'abstrait, je choisis dans quel sens je vais le placer avant de le signer). En le posant contre le mur, nous avons reçu tous les deux le même choc : Le visage de mon père était présent dans le tableau...Très clair, très net, la reproduction précise d'une photo de lui....Ce tableau ( pas très joli par ailleurs selon moi) est aujourd'hui en permanence à proximité, son visage toujours présent…

 Quel est votre rituel d'écriture ?

En phase de rédaction du premier jet, le rituel est immuable : je me lève aux aurores, heureuse de profiter des levers de soleil balinais et, armée de ma soupière de café, j'écris quelques heures, 3 à 4 en moyenne. En fin d'après-midi midi j'écris également mais en général à ce moment-là ce sont des idées qui me sont venues dans la journée que je pose sur papier pour m'en servir ( ou pas) plus tard dans la rédaction.


Avez-vous des conseils pour vos camarades de plume qui débutent ? 

Je serais bien présomptueuse de donner des conseils, je ne peux que partager ce qui fonctionne pour moi : Ne rien retenir et plonger totalement dans ses émotions, créer ce lien invisible entre soi-même et le lecteur.
et puis laisser reposer, mettre de côté le manuscrit quelques semaines. La pâte va gonfler ou au contraire ne prendra pas. il sera alors temps de reprendre, corriger, retrancher, polir.
L'écriture, c'est également un travail de patience, une vertu qui ne m'a pas été livrée à la naissance, mais j'y bosse, j'y bosse ! 

Merci beaucoup pour ces réponses qui permettent d'en savoir plus sur vous.

Merci infiniment Charlie pour ces questions intelligentes et pour cette opportunité que vous m'offrez de faire connaitre mes livres. Un beau moment de partage.


Vous l'avez deviné, c'était un grand plaisir d'échanger quelques mots avec elle, une femme qui s'entoure d'ondes positives suffisantes pour que tout le monde en profite autour d'elle, une femme dynamique (regardez-moi un peu ce travail de com de pro ! Son site est génial, elle se démène pour faire exister son texte, franchement je suis impressionnée ! ), on la sent encourageante, engagée dans l'action, bref, le genre de personne qui m'inspire.


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