samedi 27 février 2021

Une semaine de repos forcé et une masterclass avec Bernard Werber

convalescence
le chat Olympe, antalgique et anxiolytique


 Bonjour à tous, après une absence que je n'aurais pas crue si longue, j'ai été contrainte au silence par une méchante maladie qui m'a valu une semaine d'hôpital et qui me tient encore en convalescence pendant quelques semaines. 

Heureusement il s'avère que cette maladie se soigne et qu'avec une opération chirurgicale je serai débarrassée des risques de récidive. Cela aura lieu a la fin du mois de mars et nécessitera encore une période de convalescence.

j'ai pu remettre ma cervelle en état de fonctionner et je peaufine un recueil de contes dont je vous avais déjà parlé. En parallèle je me suis inscrite à une masterclass en ligne dirigée par Bernard Werber, un auteur que j'aime beaucoup pour son écriture et ses grandes qualités d'humanistes. Les exercices littéraires qu'il propose sont vraiment très amusants et stimulants.

Je vous en partage un ; il s'agissait d'utiliser les cartes du tarot pour attribuer les rôles des personnages d'une petite historiette. La voici !

"Olympe marchait nonchalamment, consciente de sa souplesse et de sa grâce. Les sourcils levés elle ne faisait aucun bruit, semblant effleurer à peine les brins d’herbe. Passant à proximité d’une flaque d’eau elle se pencha au-dessus, et le reflet de sa tête vint obscurcir celui de la lune au-dessus d’elle. Elle constata ce que tous s’accordaient à répéter à l’envi : elle était d’une grande beauté.

D’un bond elle gravit les quelques mètres qui la séparaient du balcon, émit un miaulement et, comme d’habitude, la servante humaine lui ouvrit la porte en se répandant en mièvreries.

La chatte ne lui accorda pas un regard et se dirigea vers l’écuelle que la servante avait eu le toupet de laisser vide. Olympe manifesta son mécontentement et son humaine, dégoulinante d’excuses et de chatteries, remplit le récipient vivement.

Olympe n’avait pas faim et s’installa sur le fauteuil que la bipède venait de libérer : il était chaud.

La bipède délogée était partie s’occuper à cette activité absurde qui consiste à arpenter le sol avec la machine hurlante qui dévore ce qui est par terre. Grotesque.

Les yeux mi-clos la petite chatte semblait dormir. Pourtant elle observait silencieusement l’être qu’elle haïssait le plus au monde : le chien Érasme. C’était un être pataud, vif, bruyant et aussi sot qu’un chien peut l’être, surtout quand il est jeune.

Olympe ne comprenait pas comment ses sujets avaient pu commettre une telle vilenie à son égard. Et ils jouaient avec cette brute ! Ils semblaient tous heureux, courant bêtement après des bâtons ou des balles en remplissant l’air paisible de leurs cris stupides !

Olympe savait bien de quoi était capable un chien. Elle se frottait la patte arrière droite chaque fois qu’elle y repensait. Elle se souvenait fort bien de cette après-midi d’été où, jeune chatte, elle musardait en découvrant le monde sans faire attention au soudain silence qui l’avait environné. Elle n’avait compris que quelques secondes avant d’être happée, quand les pattes de l’affreux molosse martelaient le sol au galop. Sans réfléchir elle avait bondi, s’était enfuie de toute la vitesse de son corps fin et léger. Mais elle n’avait pu l’empêcher de donner un terrible coup de dents dans sa patte arrière. Heureusement, le temps d’assurer sa prise avait suffi à Olympe pour se dégager et finir par se mettre à l’abri. Mais ce jour-là elle avait compris que le monde était un endroit hostile et le chien un animal détestable.

Olympe s’était endormie pour de bon quand la porte d’entrée s’ouvrit sur la soirée qui avait tourné à l’orage. Une jeune humaine vigoureuse entra dans un souffle, se débarrassa de sa fourrure, attrapa le journal et aperçu Olympe :

_ « Allez ouste ! Sac à puces ! » Et elle accompagna ses paroles de tapes administrées avec le journal roulé sur lui-même. Olympe tenta de protester, mais elle insista : « Ouste te dis-je ! C’est le fauteuil des maîtres, va jouer avec Érasme, pas de discussion ! »

Elle souleva la petite chatte d’une main et la déposa vivement dans le couloir froid, tout près du panier d’Érasme trop heureux d’avoir une camarade. L’humaine perfide ferma la porte.

Érasme rêvait de pouvoir nouer des relations de bonne amitié avec Olympe qui régnait sur ce domaine depuis longtemps. Mais elle continua à le dédaigner. Elle s’ennuyait ferme jusqu’à ce qu’une grosse araignée noire, une tégénaire noire, surgit d’on ne sait où. Elle était grosse comme une main d’enfant humain. Érasme l’aperçu le premier, il se mit à japper. Olympe regarda dans sa direction et décida de lui donner une leçon de vitesse, elle le dépassa, Érasme la poursuivit, la tégénaire comprit que sa dernière heure était venue, elle détalait de toute la vitesse de chacune de ses huit pattes. « C’est beaucoup huit pattes », songea Olympe au moment de la croquer, « mais elles sont toutes petites ». Érasme lui donna une grosse bourrade latérale qui lui fit cracher la bestiole et le chien lui vola sa proie. Olympe le poursuivit dans l’autre sens en miaulant. Érasme haletant ; la tégénaire se retrouva à nouveau à terre, terrorisée, elle hurlait en langue arachnide qu’heureusement nous n’entendons pas, tout en dérapant à force d’actionner toutes ses pattes. Olympe allait la rattraper mais Érasme lui redonna un grand coup d’épaule. La chatte mi-banane mi-pêche lui assena un vigoureux coup de patte sur l’oreille et y prit beaucoup de plaisir.

La porte du salon s’ouvrit sur le visage courroucé de la jeune humaine :

_ « C’est bientôt fini ce vacarme ? Je ne veux plus vous entendre ! »

Érasme était penaud, Olympe la toisait l’air de ne pas savoir à quoi elle faisait allusion.

Dans l’obscurité de la porte refermée, pour la première fois, Érasme s’adressa à Olympe : « Ça me fait rudement plaisir de voir que tu savais jouer. J’étais inquiet pour toi qui semblait toujours distante. J’avais peur que tu sois caniphobe parce que je n’aurais pas pu être autre chose qu’un chien vois-tu. Je te souhaite beaucoup de poursuites d’araignées Olympe. »

La petite chatte ne répondit rien d’audible par pudeur. Émue, elle alla s’installer dans les bras d’Erasme et prit la meilleure place sur son coussin en signe d’amitié."


Quelques jours après avoir écrit ces pages j'ai lu "Demain les chats" de Bernard Werber et j'ai vu que ma nouvelle reprenait le même sujet : un chat comme sujet. Enfin. Aucune idée n'est réellement nouvelle en soi ou alors elles le sont toutes à leur manière.

J'espère que ça vous a plu !








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