mardi 30 mars 2021

Le cercle des auto-édités et la confiance en la vie...

 


Chers amis,

j'ai dépublié "Les mystères de la forêt enchantée" parce que j'avais eu un avis qui faisait écho à ce que je ressentais et pour lequel je manquais de recul : une des histoires était inadaptée au jeune public. J'ai eu envie de proposer quelque chose de fini, de beau, de complet, de corrigé par une pro.

Alors je me suis penchée à nouveau sur les textes et j'ai vu tout un tas de choses à peaufiner. Et puis j'ai croisé la trajectoire d'un illustrateur qui faisait de très belles choses, je l'ai contacté, mine de rien, il était disponible, il m'a proposé des esquisses intéressantes pour mes histoires, un regard différent. C'est troublant ce regard d'autrui sur le monde que l'on porte en soi, que l'on offre au monde, et qu'autrui s'approprie pour lui faire vivre une existence augmentée, à laquelle on n'aurait pas pensé. 

Cela m'amène à l'auto-édition. Je fais partie d'un groupe facebook qui s'appelle #cercledesautoédités, le cercle des auto-édités. Il a été créé par une autrice talentueuse, Sarah Castillo Palayer qui écrit fort bien. Elle anime ce groupe avec une discipline empreinte de bienveillance. Cela fait de cet endroit un lien vraiment différent des autres. On se lit, on se chronique, on le fait chaleureusement, sincèrement, sans attendre que telle ou telle rende la pareille parce que c'est une dynamique collective. Comme j'ai hâte que cette pandémie nous laisse du répit et pouvoir rencontrer ces camarades rêveurs et besogneux…

Je me demande, vraiment, si l'auto-édition, comme on me l'a dit, comme je l'ai lu, si cela est le fait de la médiocrité du texte, du manque de confiance dans le texte, dans la vie, dans l'édition. 

Il y a des livres réellement bons, bien écrits, bien ficelés dans l'auto-édition et j'ai lu des torchons qui sortaient de maisons d'édition. Cela dit, c'est vrai que je vois davantage de maladresses et de fautes sur un livre autoédité de base. On sent qu'il y manque des conseils, un expérience. Et les très bons livres autoédités sont rarement les premiers (mais cela arrive ! ) et je m'inclus dans le lot des, ô combien perfectibles.

Pensez-vous que la malédiction de l'auteur auto-édité réside dans son manque de confiance en son texte ? Son manque de patience devant les éditeurs qui ne répondent pas ? La simplicité de cette possibilité d'être son propre maître ? La sensation d'être rétribué pour son travail de manière plus équitable via l'auto-édition que par l'édition traditionnelle ?

J'ai une interview en attente pour vous, mais j'ai du travail à faire avant de la publier. Il faut que j'envoie mes questions à ma correctrice préférée, et j'aimerais bien interroger aussi mes camarades du cercle (n'est-ce pas mystérieux et fascinant d'appartenir à un cercle ? Et pas n'importe lequel, un cercle d'intellectuels, oui môssieur ! Des gens lettrés, talentueux, passionnés… [et si j'étais juste dans la quadrature du cercle mais pas dans le cercle… Des professeurs, des enseignants, des chercheurs, des archéologues, des gagnats de prix, de concours littéraire, et voilà qu'une guérisseuse de quat'sous prétend l'intégrer….] Chut petit hamster, cesse un peu de faire tourner la roue et va regarder les étoiles. Elles sont à la même distance de chaque Terrien, grand ou petit.)

Sinon pour ce qui concerne ma santé, tout devrait se résoudre cette semaine, enfin ! Et je serai plus régulière dans mes publications.


Et vous, lisez-vous de l'auto-édition ?

A très vite !

jeudi 25 mars 2021

Les nouvelles de mars

 

Bonjour les amis, après le trailer des Forçats réalisé par TN Productions,
je me suis lancée dans ma première vidéo IGTV via Instagram que voilà 
C'est une première et j'ai mis des semaines avant de me décider à la publier. Je verrai bien ce que cela donne.
Dans le registre "trois pas en arrière", j'ai dépublié "Les mystères de la forêt enchantée", le produit fini me semblait moche, pas assez fini. Je ne me voyais pas le porter. Donc je reprends tout. Je reprends le texte car l'un des contes, sujet polémique, me paraît difficile à assumer à moins d'un grand ajustement, et la couverture et les images ne correspondent pas à mon univers. Donc je reprends et j'ai même trouvé un infographiste qui dessine fabuleusement bien avec qui je vais probablement travailler.

Pour les infos personnelles, mes ennuis de santé ne seront bientôt plus qu'un souvenir.

A bientôt ! 



mercredi 17 mars 2021

Le petit texte de mars

 

Bonjour à tous !

Vous avez été nombreux à lire l'interview à David Louyot, j'espère que ça vous a plu.

Je vous avais mentionné la masterclass avec Bernard Werber, figurez-vous que le site hébergeur des masterclasses se situait là où a eu lieu l'incendie OVH à Strasbourg la semaine dernière. Les masterclasses sont donc indisponibles cette semaine et, pour se faire pardonner leur indisponibilité, le site nous a donné l'accès gratuit à toutes les premières vidéos de toutes les masterclasses. C'est chic.

J'ai donc pu visionner celle d'Eric-Emmanuel Schmitt, un auteur que j'aime beaucoup (qui pourrait ne pas l'aimer ? C'est l'archétype de la perfection : souriant, charmant, érudit, bienveillant, travailleur acharné, compréhensif, avec une écriture magnifique…) et qui nous fait réfléchir sur les raisons pour lesquelles on écrit.

Lorsque j'étais enfant, je n'aimais pas la vie telle que nous la vivons. J'aurais préféré être un personnage de dessin animé : physiquement irréprochable, sans défaut sur le papier, sans besoins physiques, uniquement préoccupée par mes émotions, mon évolution spirituelle, les aventures à traverser et les relations avec les autres personnages. 

Depuis j'ai compris que je pouvais vivre cette sensation en créant les mondes que je maîtrise et également que toute expérience que je vis peut nourrir l'écriture et donc, que la vie terrestre est préférable à la vie de papier.

Je tâche d'appliquer ce principe aux expériences désagréables que je vis et c'est ainsi que je vous partage le petit texte de mars…

" Cela commence par une gêne au niveau de l'estomac. Avant je n'y prenais pas garde. Maintenant je sais. Cela ne partira pas seul. Au fur et à mesure que la gêne croît, l'attention se mue en inquiétude. La gêne sous les côtes devient une barre douloureuse. D'abord molle et orange, elle rougit en durcissant, sa simple présence devient sévère, hostile. Je la masse pour l'amadouer, la rapetisser, l'effacer mais en vain.

La culpabilité, héritage familial et culturel dont je ne parviendrais sans doute jamais à me défaire totalement, se rappelle à moi. Une figure paternelle, imaginaire et implacable me tance méchamment :

"Tu as trop mangé ! Goinfre !

_ Mais j'ai respecté les recommandations de l'hôpital !

_ Stupide. Tu sais bien que tu ne tolères pas ces recommandations. Bien fait pour toi.

_ Mais j'ai diminué les quantités par deux ! J'ai faim !

_ Sotte. Tu n'as pas assez mal sinon tu te contenterais de ton bouillon et tes problèmes seraient résolus. Tu as bien assez de réserves, le jeûne ne te fera que du bien.

_ En fait, répond ma raison, le médecin m'a bien précisé le caractère inéluctable de ces épisodes et leur gravité potentielle tant que je serais pas opérée. Et le jeûne n'est pas recommandé, d'ailleurs les recommandations sont contradictoires entre les médecins et les diététiciennes.

_ Et bien sûr tu choisis ce qui t'arranges ! Regarde-toi, dans quel état tu t'es mise ! Et maintenant te voilà bonne à rien."

La douleur me courbe à présent. Je me glisse jusqu'à la cuisine, un peu d'eau, un antalgique. Non, deux. Et je me laisse choir dans un lit, le visage crispé.

La barre irradie désormais dans les bras et les épaules. 

Tandis que j'attends l'effet des antalgiques je tâche de désolidariser mon esprit de mon corps. La douleur appartient à mon enveloppe charnelle. 

J'enclenche une musique d'Amérique du Sud, un feu qui crépite, une flûte de pan, un syrinx. Mes yeux se ferment tandis que je deviens une note. Soufflée par un garçon aux cheveux longs et noirs, aux bras nus et vêtu d'un gilet de daim. Je suis portée par le vent. Je flotte dans une bise légère et fraîche. Mes craintes sont restées dans mon corps. Bien que la barre, par moments, se change en mains griffues qui pressent mes organes comme un serre-joint, je sais que tout cela n'est qu'une question de patience. 

Le vent me dépose au sommet de la vague. Je me laisse porter. Elle finira bien par mourir sur la plage. Je flotte dans l'immensité, confiante dans l'impermanence universelle qui me délivrera d'une manière ou d'une autre, je consens à mon impuissance constitutionnelle, et par un synchronisme heureux, l'étau se desserre. 

L'accès passe. La douleur devient un souvenir. Bientôt je pourrai reprendre ma forme humaine et j'oublierai."

lundi 15 mars 2021

Quelques questions à David Louyot, auteur de Young César





Bonjour à tous ! A tous ceux qui sont férus d'Histoire : vous allez vous régaler, surtout si vous en pincez pour la période gallo-romaine. C'est la période dans laquelle David Louyot est spécialiste. Il a de multiples casquettes et pour ceux qui ne le connaissent pas encore nous allons remédier à cette lacune. 

 Bonjour Monsieur Louyot, à l'occasion de la sortie de votre dernier livre "Young César", vous avez accepté de répondre à quelques questions et je vous en remercie. L'histoire de "Young César" raconte la jeunesse de Jules César. Vous aviez précédemment écrit l'enfance du fils possible de Vercingétorix. Les deux livres se répondent-ils ? S'adressent-ils au même lectorat ?

En 2014, j'ai effectivement écrit mon premier roman intitulé "Toi aussi, mon fils !" dans lequel j'ai choisi de mettre en scène le fils fictif de Vercingétorix. A cette époque, j'étais encore pleinement archéologue et spécialiste de l'âge du Fer, qui comprend la période gauloise. J'avais envie de stimuler notre imaginaire sur ces Gaulois qui sont peu mis en scène dans la littérature ou encore au cinéma. Je me suis donc lancé dans l'écriture de l'histoire de ce fils inventé de Vercingétorix, de son adolescence à son âge de jeune adulte. J'ai alors pris un grand plaisir à le plonger dans une aventure semée d'embûches qui l'amène à être enlevé par les Romains, à rencontrer l'amour et à se venger de César. "Young César" fait écho à "Toi aussi, mon fils !", puisqu'il remet en scène Jules César. Sauf que cette fois, c'est lui l'adolescent, car il a 17 ans. J'ai exactement repris les mêmes codes de "Toi aussi, mon fils !" en mêlant faits historiques réels et pure fiction. A mi-chemin entre le roman d'aventures et historique, "Young César" est un mélange entre histoires d'amour impossibles, manigances familiales et magie noire. Les deux livres s'adressent à un lectorat appartenant au courant young adult ou jeune adulte aux contours un peu flous. Cela signifie en tout cas que l'on peut les lire à partir de 13 ans, car j'ai toujours eu à cœur (et là, c'est le professeur d'Histoire-géo qui parle) de transmettre le goût de l'histoire et de la littérature aux plus jeunes. 

Quel a été votre procédé d'écriture pour "Young César"? Vous hantait-il depuis longtemps, dans un coin de votre tête ? Vous a-t-il au contraire coûté beaucoup de temps et d'effort ? 

Cela faisait que j'avais en tête "Young César". Pour tout dire, dès la fin de l'écriture de "Toi aussi, mon fils !" en 2014. Mais l'évolution de mon parcours professionnel, c'est-à-dire le passage de l'archéologie à l'enseignement, m'a éloigné de l'écriture pendant un moment. Et ce n'est qu'en 2017 que je me suis lancé dans l'écriture de "Young César". Il m'a fallu un an et demi pour le terminer en n'écrivant que le soir. Ecrire un livre demande du temps et des efforts, mais cela n'est rien comparé aux sentiments d'évasion et de bien-être que cela procure. En tout cas, l'écriture de "Young César" a débloqué quelque chose chez moi, puisque, depuis, je ne cesse d'avoir plusieurs projets de roman. 

Vous possédez un doctorat en histoire ancienne et archéologie, vous êtes un chercheur dont les travaux sont publiés en revues universitaires, vous continuez les fouilles, vous êtes actuellement professeur d'histoire, l'auteur de "tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la période des gaulois sans jamais avoir osé le demander à Astérix", vous avez sûrement été un gaulois dans une vie antérieure, vous partagez votre passion merveilleusement bien, que vous reste-t-il à accomplir concernant cette période ? Allez-vous passer à une autre époque ? Quelle sera votre prochaine étape ? 

Merci pour le compliment ! Cela me fait très plaisir d'entendre que j'arrive à partager ma passion, car c'est l'une des choses les plus importantes pour moi. Et peut-être ai-je été un Gaulois (avec un peu plus de cheveux)... ou un Romain dans une vie antérieure. Qui sait ? Concernant cette période, l'histoire n'est pas finie, car j'ai pour projet d'écrire une suite à "Young César". C'est un personnage auquel je me suis attaché et que j'ai envie de faire évoluer. Mais comme je vous l'ai dit, j'ai plusieurs projets de roman. Dernièrement, j'ai terminé l'écriture d'un roman young adult qui se passe de nos jours et qui est bien loin de ce que j'ai fait jusqu'à présent. C'est un thriller teinté d'une critique sociale et environnementale, mettant en scène une héroïne cette fois. Mais je n'en dis pas plus. C'est encore un secret. 

Où peut-on acheter Young césar ou un autre de vos ouvrages avec une dédicace ? 

Vous pouvez trouver ou commander mon roman dans la plupart des librairies. Pour les dédicaces, j'espère en faire au moins en Nouvelle Aquitaine dès que la situation sanitaire se sera un peu apaisée. En tout cas, je n'attends que cela ! Merci beaucoup David Louyot et à bientôt ! 




https://www.francebleu.fr/culture/livres/le-coin-lecture-de-france-bleu-perigord-young-cesar-un-jeune-heros-en-gaule-romaine-de-david-louyot-1600525436
https://www.instagram.com/davidlouyot/?hl=fr
https://www.facebook.com/louyotdavid

jeudi 11 mars 2021

Les mystères de la forêt enchantée

Bonjour à tous ! Je sais que j'ai du retard dans mes publications. Comme vous vous en doutez, cela est lié aux aléas liés à ma santé. Et aujourd'hui : ça va ! J'ai le grand plaisir de vous présenter mon petit dernier "Les mystères de la forêt enchantée". Ce recueil de contes présente la forêt enchantée et une partie de ses habitants. Il y a différents niveaux de lecture. Il a été validé par une maîtresse d'école. Vous y ferez la connaissance de la souris la plus mal élevée de la clairière, d'un lapin repenti, ainsi que de quelques humains exceptionnels. Le recueil est disponible via Amazon pour l'instant, et en lecture chez une maison d'édition dont le responsable est un pirate, d'ailleurs j'ai un peu peur. Il va falloir que je révise mes incantations et mes potions protectrices si nous continuons à discuter, même si j'ai beaucoup d'admiration pour les pirates, la fascination ne m'empêche pas de savoir qu'ils restent armés et dangereux...
Je termine ce post pour vous proposer très vite un morceau d'écriture pour le mois de mars, et j'ai trois professionnels du monde de l'écriture à interroger pour vous : une correctrice épatante, un auteur historique et fantastique que je vous conseillerai et une infographiste qui débute. Je tâche de finaliser tout cela pour le mois de mars. A très vite !

samedi 27 février 2021

Une semaine de repos forcé et une masterclass avec Bernard Werber

convalescence
le chat Olympe, antalgique et anxiolytique


 Bonjour à tous, après une absence que je n'aurais pas crue si longue, j'ai été contrainte au silence par une méchante maladie qui m'a valu une semaine d'hôpital et qui me tient encore en convalescence pendant quelques semaines. 

Heureusement il s'avère que cette maladie se soigne et qu'avec une opération chirurgicale je serai débarrassée des risques de récidive. Cela aura lieu a la fin du mois de mars et nécessitera encore une période de convalescence.

j'ai pu remettre ma cervelle en état de fonctionner et je peaufine un recueil de contes dont je vous avais déjà parlé. En parallèle je me suis inscrite à une masterclass en ligne dirigée par Bernard Werber, un auteur que j'aime beaucoup pour son écriture et ses grandes qualités d'humanistes. Les exercices littéraires qu'il propose sont vraiment très amusants et stimulants.

Je vous en partage un ; il s'agissait d'utiliser les cartes du tarot pour attribuer les rôles des personnages d'une petite historiette. La voici !

"Olympe marchait nonchalamment, consciente de sa souplesse et de sa grâce. Les sourcils levés elle ne faisait aucun bruit, semblant effleurer à peine les brins d’herbe. Passant à proximité d’une flaque d’eau elle se pencha au-dessus, et le reflet de sa tête vint obscurcir celui de la lune au-dessus d’elle. Elle constata ce que tous s’accordaient à répéter à l’envi : elle était d’une grande beauté.

D’un bond elle gravit les quelques mètres qui la séparaient du balcon, émit un miaulement et, comme d’habitude, la servante humaine lui ouvrit la porte en se répandant en mièvreries.

La chatte ne lui accorda pas un regard et se dirigea vers l’écuelle que la servante avait eu le toupet de laisser vide. Olympe manifesta son mécontentement et son humaine, dégoulinante d’excuses et de chatteries, remplit le récipient vivement.

Olympe n’avait pas faim et s’installa sur le fauteuil que la bipède venait de libérer : il était chaud.

La bipède délogée était partie s’occuper à cette activité absurde qui consiste à arpenter le sol avec la machine hurlante qui dévore ce qui est par terre. Grotesque.

Les yeux mi-clos la petite chatte semblait dormir. Pourtant elle observait silencieusement l’être qu’elle haïssait le plus au monde : le chien Érasme. C’était un être pataud, vif, bruyant et aussi sot qu’un chien peut l’être, surtout quand il est jeune.

Olympe ne comprenait pas comment ses sujets avaient pu commettre une telle vilenie à son égard. Et ils jouaient avec cette brute ! Ils semblaient tous heureux, courant bêtement après des bâtons ou des balles en remplissant l’air paisible de leurs cris stupides !

Olympe savait bien de quoi était capable un chien. Elle se frottait la patte arrière droite chaque fois qu’elle y repensait. Elle se souvenait fort bien de cette après-midi d’été où, jeune chatte, elle musardait en découvrant le monde sans faire attention au soudain silence qui l’avait environné. Elle n’avait compris que quelques secondes avant d’être happée, quand les pattes de l’affreux molosse martelaient le sol au galop. Sans réfléchir elle avait bondi, s’était enfuie de toute la vitesse de son corps fin et léger. Mais elle n’avait pu l’empêcher de donner un terrible coup de dents dans sa patte arrière. Heureusement, le temps d’assurer sa prise avait suffi à Olympe pour se dégager et finir par se mettre à l’abri. Mais ce jour-là elle avait compris que le monde était un endroit hostile et le chien un animal détestable.

Olympe s’était endormie pour de bon quand la porte d’entrée s’ouvrit sur la soirée qui avait tourné à l’orage. Une jeune humaine vigoureuse entra dans un souffle, se débarrassa de sa fourrure, attrapa le journal et aperçu Olympe :

_ « Allez ouste ! Sac à puces ! » Et elle accompagna ses paroles de tapes administrées avec le journal roulé sur lui-même. Olympe tenta de protester, mais elle insista : « Ouste te dis-je ! C’est le fauteuil des maîtres, va jouer avec Érasme, pas de discussion ! »

Elle souleva la petite chatte d’une main et la déposa vivement dans le couloir froid, tout près du panier d’Érasme trop heureux d’avoir une camarade. L’humaine perfide ferma la porte.

Érasme rêvait de pouvoir nouer des relations de bonne amitié avec Olympe qui régnait sur ce domaine depuis longtemps. Mais elle continua à le dédaigner. Elle s’ennuyait ferme jusqu’à ce qu’une grosse araignée noire, une tégénaire noire, surgit d’on ne sait où. Elle était grosse comme une main d’enfant humain. Érasme l’aperçu le premier, il se mit à japper. Olympe regarda dans sa direction et décida de lui donner une leçon de vitesse, elle le dépassa, Érasme la poursuivit, la tégénaire comprit que sa dernière heure était venue, elle détalait de toute la vitesse de chacune de ses huit pattes. « C’est beaucoup huit pattes », songea Olympe au moment de la croquer, « mais elles sont toutes petites ». Érasme lui donna une grosse bourrade latérale qui lui fit cracher la bestiole et le chien lui vola sa proie. Olympe le poursuivit dans l’autre sens en miaulant. Érasme haletant ; la tégénaire se retrouva à nouveau à terre, terrorisée, elle hurlait en langue arachnide qu’heureusement nous n’entendons pas, tout en dérapant à force d’actionner toutes ses pattes. Olympe allait la rattraper mais Érasme lui redonna un grand coup d’épaule. La chatte mi-banane mi-pêche lui assena un vigoureux coup de patte sur l’oreille et y prit beaucoup de plaisir.

La porte du salon s’ouvrit sur le visage courroucé de la jeune humaine :

_ « C’est bientôt fini ce vacarme ? Je ne veux plus vous entendre ! »

Érasme était penaud, Olympe la toisait l’air de ne pas savoir à quoi elle faisait allusion.

Dans l’obscurité de la porte refermée, pour la première fois, Érasme s’adressa à Olympe : « Ça me fait rudement plaisir de voir que tu savais jouer. J’étais inquiet pour toi qui semblait toujours distante. J’avais peur que tu sois caniphobe parce que je n’aurais pas pu être autre chose qu’un chien vois-tu. Je te souhaite beaucoup de poursuites d’araignées Olympe. »

La petite chatte ne répondit rien d’audible par pudeur. Émue, elle alla s’installer dans les bras d’Erasme et prit la meilleure place sur son coussin en signe d’amitié."


Quelques jours après avoir écrit ces pages j'ai lu "Demain les chats" de Bernard Werber et j'ai vu que ma nouvelle reprenait le même sujet : un chat comme sujet. Enfin. Aucune idée n'est réellement nouvelle en soi ou alors elles le sont toutes à leur manière.

J'espère que ça vous a plu !








vendredi 12 février 2021

Six questions à Yasmina Behagle


1. Bonjour Yasmina, votre roman "Fièvre de lait" a pour thème, entre autres, les difficultés psychologiques liées à la naissance d'un enfant. Comment vous est venue l'idée de développer ce thème ?

 

Je trouve que le post partum appartient à ces périodes graves de la vie,

presque majestueuses comme le deuil, ou la convalescence. Ces périodes où l’on se retrouve

seul face à soi-même, dans cette angoisse existentielle, alors que ce dont on a besoin est justement

l’inverse. Dans beaucoup de cultures, la mère est assistée par la famille entière le premier mois,

je trouve cela inspirant.

On ne prépare pas suffisamment les parents à ce vide qu’ils vont ressentir au début. Au contraire,

on le nie, et on assure l’inverse avec des formules toutes faites. D’un autre côté, je voulais que

mon histoire ne parle pas que de post-partum. C’est aussi un livre sur la solitude et l’impossible

communication entre les gens. J’ai souhaité montrer les ravages de l’individualisme à travers le

prisme de la maternité. 

 

 

  1. Le ton de ce roman est parfois grave, toujours réaliste, à quel type de lecteurs

vous adressez-vous ? Pourquoi ce choix ?

 

C’est amusant, parce que c’est une question à laquelle je n’ai pas vraiment réfléchi. Je pense

d’ailleurs que c’est dommage d’enfermer les lecteurs dans des cases. Mais c’est la raison pour

laquelle je finirais probablement crucifiée sur l’autel de l’autoédition :D

 

Plus sérieusement, je pense que le travail éditorial doit intervenir uniquement quand le livre est

terminé. Je n’ai pas l’impression de m’adresser à un lecteur particulier en écrivant. Et dès que je

commence à en concevoir, c’est la catastrophe, je me censure « que vont-ils penser ? » « ne vont-ils

pas être offensés ? ». C’est la mort de la créativité. 

 

  1. Le roman "fièvre de lait" s'attarde particulièrement sur les graves carences que

génèrent des familles/personnes toxiques. Comment évitez-vous d'en être victime ?

 

Il n’y a pas beaucoup de solution : accepter ou partir. Et prendre pleinement conscience de

son choix. Après, je pense que ce choix appartient à chacun. Personnellement, j’ai toujours

espoir que les personnes changent et s’améliorent, je n’aime pas le ton péremptoire des gens

qui conseillent de couper tout lien. Autre opinion impopulaire : je pense qu’on est tous bourreau

et victime à certains moments. Dans mon livre, Delphine est victime de sa famille, mais bourreau

de Grégory. (On peut faire ça avec chaque personnage, et chaque être humain autour de nous, j’en

suis convaincue).  Il faut s’interroger, toujours. A posteriori en tout cas. Mais c’est mon côté avocat

du diable. À titre personnel, je fais du stop and go émotionnel, quand ça va, ça va, quand on commence

à me faire du mal, je coupe, en attendant que l’orage passe. Je me rends compte que je viens de me

contredire sur les deux choix, donc je rectifie. Il y a trois choix : accepter, partir, ou faire du stop and

go émotionnel. Et la troisième option est celle que les psys déconseillent en général :D

 

 

 

 

  1. Comment inscrivez-vous votre rituel d'écriture dans votre vie ?


J’ai la chance d’être actuellement en congé parental, donc je peux écrire tous les jours, plusieurs

fois par jour. J’essaie d’écrire mille mots, en plusieurs fois (300/300, 200/200). Comme on peut

le voir, les chiffres me rassurent, et ordonnent ma pensée. Sinon, je pense presque constamment

à mes histoires, à mes personnages, à ce qu’ils pourraient faire, à ce qu’ils pourraient dire. Mais,

nous sommes nombreux dans le même cas, non ?

 

  1. Quel a été l'accueil, les réactions réservées à votre roman ?

 

Télérama a adoré, Augustin Trapenard parle d’« une voix pour ceux qui n’en ont plus ». 

 

Non ? Bon d’accord…

 

L’accueil est plutôt bon, nous sommes sur du 76% de 5 étoiles, et 14% de 4 étoiles. J’ai reçu

des messages de lectrices qui ont été touchées par l’histoire, c’est vraiment chouette. Le premier,

j’ai été si étonnée et excitée que j’ai eu du mal à m’endormir le soir. 

 

Et pour les 9% de 1 étoile qui correspondent à un vote vu mes (très) nombreuses ventes, qu’ajouter ?

Rien en fait, c’est un dialogue qui ne s’est tout simplement pas fait. La personne en question dira

certainement qu’avec mon « style ampoulé, etc », le dialogue ne pouvait pas se faire. Et je répondrais

que… Est-ce que je suis vraiment en train d’écrire un dialogue fictif sur un dialogue impossible ? 

 

 

 

6. Vous écrivez votre deuxième ouvrage, vous adressez-vous au même lectorat ? Concernera-t-il 

le même thème ?

Oui, je suis en train de relire et corriger le premier tome de Leur mère à toutes, qui devrait sortir au printemps. 

C’est une histoire qui se passe au 19ème siècle dans la prison de femmes de Saint-Lazare. En ce moment, je

m’interroge justement, va-t-il plaire aux mêmes personnes ? Je n’en sais rien. J’ai pu me lancer dans

l’expérimentation un peu plus que dans Fièvre de lait. Ce sera un roman polyphonique, mais pas que.

J’aime bien sortir de ma zone de confort. Je retrouve en le relisant un passage qui montre ma fascination

pour la naissance, j’ai du être sage-femme dans une autre vie. Mais sinon, il sera très différent, j’ai hâte

d’avoir des retours. 

Merci beaucoup d'avoir répondu à ces quelques questions, et à bientôt !

Charlie Gulec

Les Mystères de la Forêt enchantée

Me revoilà après de longs mois d'absence et de découragement. Vous vous souvenez du capitaine qui éditait des livres et qui était intére...